En 1990, a eu lieu la réforme de l’orthographe. A l’époque, cela a suscité un grand débat. Mais c’est surtout en 2016 que le scandale a éclaté, quand cette « nouvelle orthographe » a fait son apparition dans les manuels scolaires. On a dit tout et n’importe quoi sur cette « réforme », et aujourd’hui, quand on veut écrire sans faire d’erreurs, on ne sait plus ce qui est correct ou pas… Je vous propose donc de démêler tout cela. Voyons tout d’abord les 10 règles de la réforme à retenir.

reforme orthographe 1990

Les 10 principales règles de la réforme de l’orthographe de 1990

1) Les nombres

Avant la réforme de l’orthographe, une règle bien précise régissait l’emploi des tirets dans l’écriture des nombres : on ne mettait de tirets qu’entre les dizaines et les unités sauf s’il y avait un « et ».
Aujourd’hui, les nombres sont toujours reliés par des traits d’union (même quand il y a un « et »)

Ainsi, avant 1990, on écrivait : cent cinquante-trois / trente et un…
Depuis 1990, on écrit : centcinquantetrois / trenteetun…

2) Les mots composés : séparés ou soudés ?

Le tiret est aussi un élément que l’on trouve dans les noms composés. La réforme de 1990 nous permet de souder les différents éléments du mot pour n’en faire qu’un seul (en particulier quand ce mot est formé d’un préfixe, d’une onomatopée ou d’un mot étranger). C’est ainsi que l’on peut écrire : contretemps (formé du préfixe « contre » et du mot « temps »), tictac (formé de deux onomatopées), weekend (qui vient de l’anglais)…

3) Le pluriel des mots composés

Avant la réforme, concernant les mots composés, le sens du mot devait nous guider pour savoir s’il fallait mettre un « s » ou pas. Par exemple, on écrivait « un compte-gouttes » avec un « s », même au singulier, car cet objet compte plusieurs gouttes. A l’inverse, on écrivait « des chasse-neige », sans « s », car il n’y a qu’une seule neige, même si plusieurs engins pour la « chasser » sont sur les routes !

Depuis la réforme de l’orthographe, il n’est plus nécessaire de se poser ce genre de questions : le 2e élément prend un « s » au pluriel et n’en prend pas au singulier. La règle habituelle pour les noms s’applique. Donc, nous pouvons écrire : « un compte-goutte » et « des chasse-neiges ».

4) L’accent grave

Certains accents ne sont pas conformes à la prononciation du mot dans certains cas. Aujourd’hui, le sens des accents est similaire à la manière dont on prononce le mot. C’est ainsi que l’on écrira : « évènement » (on écrivait « événement » avant 1990), « je cèderai » (on écrivait « je céderai ») avant 1990.

5) L’accent circonflexe

C’est LE point de la réforme qui a généré le plus gros scandale. Par conséquent, c’est aussi celui pour lequel on a dit le plus de bêtises ! Il n’a jamais été question de confondre « mur » et « mûr » ou « sûr » et « sur » dans une même orthographe ! En réalité, la règle est très simple : l’accent circonflexe disparait sur le « i » et le « u » sauf quand sa suppression entraine une confusion avec un autre mot (comme mur/mûr). De même, on le conserve dans la conjugaison du passé simple et du subjonctif (on continue donc d’écrire « nous dûmes » / « qu’il dût »).
On peut donc écrire « maitresse », « cout », « paraitre »…

6) Les verbes en « eler » et « eter »

Les verbes en « eler » et « eter » se conjuguent désormais avec un seul « l » ou un seul « t » comme acheter. Il n’y a que « appeler » et « jeter » qui sont particuliers et qui prennent parfois « ll » ou « tt » en fonction de leur prononciation (j’appelle / il jette, mais nous appelons / vous jetez)

7) Les mots étrangers

Les mots d’origine étrangère se comportent désormais comme les mots français, ils prennent des accents en fonction de leur prononciation et ils prennent un « s » au pluriel.

On écrit donc « un révolver » (même si en anglais il n’y a pas d’accent) et « des scénarios » (même si en italien ce mot n’a pas d’accent et que le pluriel est scenarii)

8) « olle », « otte » et « otter »

Les mots qui s’écrivaient avec une finale en « olle » ainsi que les verbes qui se terminaient par « otter » (tout comme les noms en « otte » dérivés de ces verbes) prennent maintenant un seul « l » et un seul « t ». On écrit donc aujourd’hui « corole » et « frisoter ».

Attention, cette règle comporte des exceptions : colle / folle / molle / botte / crotte / hotte.

9) Laisser + infinitif

Le participe passé du verbe « laisser » suivi d’un infinitif s’accordait en fonction de la place du COD. La réforme a choisi de calquer ce verbe sur « faire » qui ne s’accorde pas quand il est suivi d’un infinitif. En effet, il a semblé incohérent d’écrire « Les objets que j’ai laissés prendre », mais « Les objets que j’ai fait prendre » (« laisser » s’accorde avec le COD qui précède le verbe, mais ce n’est pas le cas de « faire »). Les nouvelles règles ont uniformisé tout cela : on n’accorde donc ni laisser, ni faire quand un infinitif suit.

10) Les anomalies

L’orthographe française est pleine d’anomalies et d’exceptions. La réforme de 1990 a choisi d’en simplifier certaines. On écrit donc : assoir (« asseoir » avant 1990), charriot (« chariot » avant 1990), relai (« relais » avant 1990), etc.

Doit-on obligatoirement suivre la réforme de l’orthographe de 1990 ?

question

Toutes ces règles bouleversent nos habitudes, surtout si, comme moi, vous avez appris l’orthographe avec les anciennes règles !

La bonne nouvelle, c’est que cette réforme n’a rien d’obligatoire. L’ancienne orthographe et la nouvelle sont toutes les deux correctes !

Je vais vous faire une petite confidence. En ce qui me concerne, la simplification des tirets pour les nombres m’arrange, surtout quand je dois écrire vite pour remplir un chèque. En revanche, je ne parviens pas à modifier mes habitudes pour d’autres règles : j’écris, et j’écrirai toujours « événement » ou « asseoir » par exemple, c’est comme cela que je les ai appris. Évidemment, si je les vois écrits selon la nouvelle orthographe, je sais que ce n’est pas une erreur !

 

 

Cette réforme appauvrit-elle la langue ?

polémique réforme orthographe 1990

On a beaucoup entendu de critiques en 1990 puis en 2016. Certains disaient que cette réforme était faite pour « détruire » la langue française, qu’elle allait abaisser le niveau général en nivelant par le bas. Une immense polémique a éclaté. Vous pouvez, par exemple, lire cet article sur le site du Figaro qui date de 2016. Vous y découvrirez les arguments des détracteurs de la réforme de l’orthographe.

Je vais vous donner mon avis sur cette réforme. En 2016, je dois l’avouer, j’ai fait partie, dans un premier temps, de ceux qui ont crié au scandale. Mais je dois reconnaitre que j’avais suivi bêtement la polémique sans chercher par moi-même… Ce n’est que quand je me suis intéressée de près à ce que contenait le texte que j’ai compris qu’il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat !

Ce sont des arguments logiques qui ont guidé ces modifications. De plus, il faut savoir que ce n’est pas la première fois que l’on cherche à rendre l’orthographe française plus cohérente. Ce fut le cas en 1694, 1740 et 1835. De plus, je ne pense pas que l’ajout de tirets pour l’orthographe des nombres nivelle quoi que ce soit par le bas ! Il suffit de s’intéresser à l’accord du participe passé des verbes pronominaux (que la réforme n’a pas changé) pour s’apercevoir que l’orthographe française conserve toute sa complexité !

Pour terminer, j’ajouterai cependant une nuance. Cette nouvelle orthographe qui entre « en concurrence » avec celle que j’ai apprise à l’école me fait parfois hésiter. Quand j’ai un doute sur un mot et que je vérifie, je me rends compte que les 2 graphies entre lesquelles j’hésitais sont possibles, l’une datant d’avant 1990, l’autre d’après. Pour ceux qui ont appris à écrire avant 1990, cette simplification n’en est donc pas toujours une.

Et vous, suivez-vous les préconisations de la réforme de l’orthographe ? Pensez-vous que ces simplifications soient une bonne chose ou êtes-vous scandalisé(e) ? Racontez-moi tout en commentaire !

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2 commentaires

  1. Merci pour ces précisions fort utiles.
    On a tous entendu parler de la réforme sans vraiment avoir les détails xD
    Je suis comme toi, les nombres m’arrangent, pour le reste j’ai gardé les habitudes. Et je trouve ça particulièrement laid sans les accents et les mots composés. Une question d’habitude je pense.
    Par contre je trouve ça génial les exceptions pour le point 8) je ne comprend pas pourquoi en laisser si c’est pour simplifier.

    Pour la plupart je ne pense pas que ça appauvrisse la langue mais par contre les dernières avec « onion » et cie… ça me scandalise. Je pense que ça fera une langue a deux vitesses.

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