Les correcteurs d’orthographe sont incontournables pour tous ceux qui doivent écrire fréquemment. Ces outils sont très utiles et de plus en plus perfectionnés. Ils permettent de corriger les erreurs les plus courantes. Cependant, ils ne sont pas infaillibles, loin de là ! J’ai répertorié pour vous 7 failles des correcteurs de textes automatiques : cela englobe des erreurs non signalées mais aussi, bien pire, des mots signalés comme faux alors qu’ils sont correctement écrits…
1- Les homophones grammaticaux
On appelle « homophones » des mots qui se prononcent de la même manière mais qui n’ont pas le même sens. Si, la plupart du temps, votre correcteur sait faire la différence entre « a » et « à », il lui arrive parfois de se tromper. Par exemple, si j’écris la phrase :
Il fait preuve de bienveillance et à leur réussite à cœur.
Mon correcteur ne me signale aucune erreur. Or, il faut écrire « et a leur réussite à cœur » (on peut remplacer « a » par « avait »).
Pourquoi mon correcteur ne me signale-t-il rien ? Tout simplement parce que dans cette phrase, le sujet « il » n’est pas répété, de plus, le correcteur a l’habitude de voir les mots « et » et « à » associés dans de nombreuses phrases (« Il parle à son frère et à sa sœur. », « Il mange, et à midi il partira. »). Il agit de manière automatique, standardisée, ce qui est normal puisque c’est une machine, mais on voit bien que l’erreur n’a pas été corrigée…
2- Les homophones lexicaux
De même, mon correcteur automatique ne me signale rien dans ces deux phrases :
Il est sensé partir. / Il est censé partir.
La première phrase est pourtant fausse ! On veut dire ici qu’il est « supposé » partir, c’est donc pour cela qu’il faut écrire « censé ». Le mot « sensé », quant à lui, signifie « qui a du bon sens », et, justement, la première phrase n’en a aucun !
3- Les paronymes
Les paronymes sont des mots qui se prononcent presque de la même manière mais qui n’ont pas du tout le même sens. C’est le cas, par exemple des mots « arborer » et « abhorrer ». Voici deux phrases :
Ils arborent le drapeau de leur pays. / Ils abhorrent le drapeau de leur pays.
Ces deux phrases sont justes d’un point de vue orthographique mais elles ne signifient absolument pas la même chose ! Dans la 1ère, « Ils arborent le drapeau de leur pays » signifie qu’ils portent fièrement le drapeau de leur pays. La 2e nous dit tout le contraire : « Ils abhorrent le drapeau de leur pays » signifie qu’ils détestent au plus haut point le drapeau de leur pays. Rien à voir, donc !
Un correcteur d’orthographe ne sait pas ce que vous voulez dire, il est capable de vous dire si « abhorrer » prend deux « r » ou pas, mais il ne peut pas savoir à votre place si le drapeau est détesté ou porté fièrement. C’est à vous de faire la différence, pas à la machine !
4- Les accords des adjectifs après une liste
Imaginons la phrase :
Au zoo, j’ai vu des girafes, des éléphants et un petit singe adorables.
Mon correcteur pense que j’ai fait une erreur à « adorables », il suppose que cet adjectif qualifie le nom le plus proche : « petit singe » qui est au singulier. Or, je les ai tous trouvés adorables, pas seulement ce petit singe, mais aussi les girafes et les éléphants. N’oubliez pas qu’un correcteur de texte n’est qu’un programme, il va au plus simple et ne connait pas le sens que vous voulez donner à votre phrase !
5- Le vocabulaire
Les correcteurs automatiques ne peuvent pas toujours corriger les erreurs d’orthographe lexicale, car ils se basent sur leur dictionnaire qui contient une liste de mots fréquents. Si, dans votre profession, vous êtes amenés à écrire des mots spécifiques à un domaine, il est possible que la machine ne les connaisse pas et considère que vous avez fait une erreur.
6- La conjugaison
L’emploi des temps des verbes en français répond à des règles que les correcteurs ne sont pas toujours en mesure de corriger. Voici un premier exemple :
Je partirai. / Je partirais.
Les deux terminaisons sont correctes, mais dans le 1er cas, j’écris au futur (demain, je partirai), alors que dans le 2e j’écris au conditionnel présent (c’est une possibilité que je parte).
Voici un 2e exemple :
Je mangeai une pomme. / Je mangeais une pomme.
Ici aussi, les deux terminaisons sont correctes, mais le 1er verbe est à l’imparfait alors que le 2e est au passé simple. C’est le reste du texte qui nous permettra de choisir entre les 2, mais les correcteurs automatiques ne sont pas encore capables de choisir entre l’imparfait et le passé simple.
7- Les erreurs de syntaxe
Les correcteurs d’orthographe ne peuvent pas toujours corriger les erreurs de syntaxe. Si votre phrase est, par exemple, mal structurée, incorrecte grammaticalement, il est possible que rien ne vous soit signalé.
C’est de cela dont il est question.
Cette phrase vous paraît-elle correcte ? Oui ? Eh bien non ! On doit dire : « C’est de cela qu’il est question. » car le mot « dont » signifie « de quelque chose », or, il y a déjà le mot « de » dans la phrase. C’est pour cela qu’il faut utiliser le pronom relatif « que ». Les correcteurs automatiques n’ont pas eu de cours de grammaire suffisamment approfondis apparemment ! Pour l’instant en tout cas…
Pour conclure, il est important de ne pas se fier uniquement aux correcteurs d’orthographe. Pour cet article, j’ai utilisé le correcteur de Microsoft Word. Bien sûr, il existe des correcteurs bien plus performants, je pense en particulier à Antidote (Druide), mais ce sont des outils coûteux…
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : les correcteurs d’orthographe sont très utiles et permettent de corriger un grand nombre d’erreurs. Cependant, si vous voulez présenter un travail rigoureux et professionnel, vous devez, même après avoir utilisé le correcteur, vous relire. Si besoin, faites vous relire par quelqu’un d’autre. L’étape de la relecture est indispensable !
Avez-vous remarqué d’autres erreurs non corrigées par votre correcteur automatique ? Vous pouvez continuer la liste dans les commentaires.